Mesdames et messieurs,
Nous croyons utile que je pose ma candidature, pour l’équilibre de cette soirée.
D’abord parce-que, après 10 ans, il est temps de dresser un début de votre bilan. Dix ans qui se soldent par la démission de celui qui vous a guidé jusque là. Monsieur Lefevre a indiqué que les raisons de cette démission étaient personnelles. Nous respectons cette décision et n’irons donc pas chercher plus loin. Un maire qui démissionne sans désigner de successeur ou, comme on me l’a fait remarquer il y a peu, se successeuse, c’est une tempête. Et nous ne ferons pas semblant de croire que celle-ci est apparue subitement dans un ciel bleu sur une mer calme. Les dissensions au sein de la majorité sont de notoriété publique, c’est un problème que vous devrez régler. Respectueux des vœux du maire sortant, nous ne chercherons donc pas à peser le poids relatif de ces disputes dans sa décision.
Il me semble utile de rappeler que, en 2020, devant les commerciennes et les commerciens, nous portions un projet différent du vôtre.
Je commencerai par la présence à la Codecom, pour une intercommunalité porteuse de projet. Sept ans après la fusion, personne ne sait encore pourquoi nous sommes ensemble. Sept ans après, personne ne sait sur quels projets nous nous sentons plus forts ensemble pour avancer et encore moins comment nous devons mener ces projets. La création du SCOT : schéma de cohérence territoriale, est encore dans les limbes. Il est vu par la présidence et le bureau comme une obligation alors qu’il devrait être la traduction de notre volonté commune. La Codecom est vue ici comme l’Europe par nos gouvernants : un moyen de se défausser de décisions auxquelles on a pourtant participé. C’est aussi un moyen facile de se débarrasser de sujets qui coûtent : petite enfance, périscolaire, scolaire, piscine et j’en passe. Vous êtes-vous demandé si la vie est meilleure pour les élèves, pour les parents depuis la prise de ces compétences par la Codecom. Si leurs chances de progresser dans la vie à partir du bagage qu’on leur transmet est meilleure ?
Le fait que votre candidat à la fonction de Maire ne soit pas et ne sera pas représentant à la communauté de communes est un signe de ce désintérêt. C’est une première et c’est significatif.
Abandon de l’UCIA, dissolution de l’office de tourisme, sortie du monde associatif de l’animation périscolaire. Les abandons, vos abandons, ceux qui vous permettent d’afficher des baisses d’impôts coûtent finalement cher à notre ville et ses habitants.
Nous proposons que la Codecom, avec les parties prenantes, associations, entrepreneurs, syndicats, citoyens, se mette au travail pour décrire et porter un projet commun. Nous aurions dû commencer par là, il y a sept ans, voire avant.
A l’inverse, notre Codecom, et, donc notre ville, est absente de presque tout, que ce soit des endroits où on décide, de ceux où on influence et, encore plus, de ceux où on réfléchit. Les représentants de Commercy ont laissé leur président croire que cet isolement serait une force.
Pour Commercy, à présent. La ville doit assurer l’entretien d’un patrimoine riche, de rues, d’espaces communs, de vivre ensemble. Elle doit prendre sa part à la lutte contre le changement climatique et assurer son adaptation à ce changement déjà présent comme aux changements de société. Adaptation de la ville, adaptation des structures, nouvelles solidarités, nouvelles mobilités. Sur ces sujets, la ville doit être auprès des citoyens, jouer le rôle de relais, de facilitatrice, d’organisatrice. Et ça ne peut pas se faire en se contentant de reconduire les dispositifs existants : il faut les adapter à une ville où un habitant sur quatre vit dans la pauvreté. Il nous faut être inventifs dans la mise en place des énergies renouvelables au service des citoyens, dans l’adaptation du logement et de nos politiques à tous les âges de la vie : étudiant, premier travail, éducation des enfants, passage dans l’âge avancé.
Sans vouloir ici refaire l’inventaire des propositions que nous portions en 2020, je veux en citer quelques-unes qui auraient pu faire l’objet d’un consensus : la création d’un espace de co-working à la maison des entreprises, la création en ville de magasins relais permettant à des entrepreneurs de tester leur concept, un espace animé pour les adolescents…
J’ai vu avec plaisir qu’une proposition au budget participatif parlait de salle avec des baby foot et autre jeux, pour nos ados, qui en ont besoin. Peut-on la faire fonctionner sans l’accompagnement qu’exclut votre règlement pour le budget participatif ?
Je tiens aussi à rappeler ici que nous avons applaudi à certaines décisions. Je pense particulièrement à des dispositifs comme ceux visant à responsabiliser les propriétaires de bien : taxe d’habitation sur les logements vides, l’ORI qui permet d’inciter fortement à la rénovation, le permis de louer qui permet de lutter contre les marchands de sommeil. Sur les deux derniers, nous saluons la force de conviction de la préfecture, dans le cadre du dossier petites villes de demain. Nous continuons à regretter que vous y soyez allés à reculons : limitation du nombre de bâtiments soumis à l’ORI, limitation de la zone concernée par le permis de louer dont nous demandons d’ailleurs une analyse des effets, 18 mois après sa mise en place.
Il me semble aussi important de souligner, sur certains sujets au moins, la cohérence de votre politique. Alors que le gouvernement commence à accompagner les villes pour lutter contre la France moche, celle des zones commerciales, ici, à Commercy, vous faites le contraire : développement poussif d’une nouvelle zone en entrée de ville, avec implantation de commerces en concurrence avec ceux d’un centre-ville dynamique, mais fragile. La cohérence, c’est, en même temps, un projet de centre-ville, qui en limite drastiquement l’accès sans offrir ni alternative, ni compensation. Votre message a le mérite de la clarté : “laissez tomber le centre-ville, allez en périphérie”.
Puisque je parle du projet de la place Charles de Gaulle, laissez-moi revenir sur ce qui est pour nous autant un objectif qu’une méthode. Nous devons reprendre le chemin de la démocratie participative. Avec une commission participative spécifique par projet et l’animation du débat public autour des projets. Pour en assurer l’acceptabilité et la cohérence. Pour enrichir les projets de l’intelligence collective.
Pour terminer, puisque le projet de la place Charles de Gaulle est dans tous les esprits, je souhaite ici formuler trois propositions :
1 : Vous affirmez que la réduction du nombre de places n’entraînera pas de problèmes de stationnement. Nous contestons les chiffres sur lesquels vous basez cette affirmation. Alors chiche. On peut commencer demain. Fermez aux automobiles la moitié de la place et soyez présents pour expliquer qu’on peut se garer ailleurs et indiquer où. Vous pourrez en profiter pour déposer sur l’espace resté libre des arbres en pot, des fleurs, inviter les enfants des écoles à venir y dessiner, les associations à y faire de l’animation, la bibliothèque à y faire des séances en extérieur, l’école de musique, des concerts, voire des cours…
Bref, sans entamer les 7.5 millions € budgétés pour les travaux, vous aurez l’occasion de montrer que, pour les voitures, vous avez raison et nous tort. Et vous pourrez, en même temps, démontrer à la population l’usage de cet espace repris à la voiture.
2 : remettez la population dans la boucle. A défaut d’une démarche qui l’implique vraiment et qui ne s’improvise pas, invitez la population aux moments forts du projet : esquisses, avant projet sommaire, avant projet détaillé, projet. Et écoutez ses propositions d’amélioration, ses points de blocage. Il n’est pas sûr que ça vous permette de lui faire avaler la pilule, mais le projet, j’en suis persuadé, sera meilleur.
3 : Le planning du projet prévoit aujourd’hui, avant les décalages d’usage, un début des travaux pour octobre 2025. Moins de six mois avant les prochaines élections municipales. Ma demande, mon engagement si vous veniez ce soir à me faire confiance : décaler le début des travaux pour permettre à nos successeurs de prendre la décision ou d’y renoncer avec la nouvelle onction du suffrage universel. Je ne parle pas dans le vide. J’ai déjà pesé dans ce sens et obtenu gain de cause à deux reprises. La première était l’écoquartier. Il était contesté par l’opposition quand nous y travaillions. Le dossier étant prêt quelques mois avant les élections, j’ai demandé et obtenu que la décision de lancement des travaux soit reportée après les élections. C’est donc vous qui en avez décidé le lancement.
En 2016, la Codecom du pays de Commercy était en mesure de lancer les travaux de la piscine quelques mois avant la fusion. Avec quelques autres, nous avons insisté et obtenu que ce soit la nouvelle communauté de commune, fusionnée, qui prenne la décision de lancer les travaux. Quel que soit mon avis sur cet investissement, je sais que le fait d’avoir été voté par la codecom fusionnée a contribué à sa légitimité. Vous pouvez, vous devez en faire de même pour le chantier de la place Charles de Gaulle.
Ces trois propositions, je m’engage à mettre en œuvre en cas de succès ce soir. Sinon, je m’engage à vous les rappeler régulièrement.